Chers Amis Bonjour,
Les récentes mesures gouvernementales ne permettent plus la tenue de nos vendredis de Carême. C’est donc par le biais de cette vidéo que nous avons décidé de maintenir néanmoins cet entretien.
La première lecture de ce quatrième dimanche de Carême est tirée du premier livre de Samuel.
Mais qui était le Samuel ?
Il fait partie des grands prophètes au même titre que Moïse ou Elie, mais il ne figure pas dans la liste des écrits prophétiques au nombre de 15 classés en grands et petits prophètes non du fait de leur prestige mais tout simplement du fait de la longueur de leurs écrits.
es trois « grands » prophètes étant : Isaïe, Jérémie et Ezéchiel.
Les 12 petits prophètes étant Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. Leurs écrits se trouvent dans la seconde partie de l’Ancien Testament.
Mais revenons à Samuel.
Ces deux livres en réalité n’en forment qu’un divisé par la suite en deux pour des raisons de commodité, ils se situent à la charnière de l’Ancien Testament à la fin de la période dite des Juges et au début de celle dite des Rois.Les deux livres de Samuel retracent l’avènement et le règne des premiers rois d’Israël Saül et David.
Nous pourrions également dire que l’on passe du mythe à l’histoire. En effet, les premiers récits de l’Ancien Testament sont plutôt d’ordre mythique même si les récits par exemple de l’exode ou des Juges se réfèrent à des civilisations telle l’Egypte ou peuplades telle que les philistins dont l’existence n’est pas mise en cause.
Si l’on retrace un tableau chronologique on peut considérer, de façon bien évidemment approximative :
– que l’épisode d’Abraham dans le livre de la genèse se situerait environ 2 000 ans avant Jésus-Christ.
– que l’exode du peuple hébreu conduit par Moïse dans le désert se situerait, quant à lui, aux alentours de 1 500 avant Jésus-Christ
– quant aux évènements rapportés dans les livres de Samuel ils se situent aux environs de 1075 à 975 avant Jésus-Christ
Soit très exactement au milieu de la période s’étendant d’Abraham à la naissance du Christ.
Samuel est le dernier des Juges comme l’ont été avant lui Samson ou Gédéon dont les exploits sont rapportés dans le livre des Juges.
Ces livres dits historiques couvrent une période de près de 1000 ans de la mort de Moïse au retour de Babylone des juifs exilés (vers 430 avant Jésus-Christ) suite à la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor et la destruction du premier temple en 587 avant Jésus-Christ.
Mais revenons plus précisément à Samuel, personnage hors du commun dont l’histoire ne pouvait commencer que par un miracle.
Anne sa mère est malheureusement stérile.
Un jour dans le temple elle prie avec tant de ferveur que le grand prêtre croit voir une femme prise de boissons. Quand il comprend son erreur et la ferveur des prières d’Anne, il lui promet que Dieu répondra à son attente. Anne elle-même promet que si elle a un fils elle le consacrera au service de Dieu. C’est ainsi qu’un an plus tard naît Samuel dont le nom signifie demandé au Seigneur. Enfant né du miracle de la fécondité de mères stériles comme Isaac ou Jean-Baptiste.
Samuel va donc passer son enfance dans le Temple sous l’autorité du Juge et grand prêtre Héli également Juge leader d’Israël. (à ne pas confondre avec le prophète Elie).
A une telle naissance ne pouvait donc correspondre qu’un destin exceptionnel et ce dès son plus jeune âge.
Ainsi le jeune Samuel sert donc Dieu au coté du grand prêtre lorsqu’un soir au moment de s’endormir Dieu l’appelle. Samuel court vers Héli lui disant :
– « me voici puisque tu m’as appelé ».
– « je ne t’ai pas appelé, dit Héli, retourne te coucher »
Mais Dieu continue d’appeler Samuel qui retourne vers Héli, celui-ci comprend que Dieu appelait l’enfant et il lui dit :
– « Va te coucher mais s’il arrive qu’il t’appelle tu lui diras parle Seigneur car ton serviteur écoute ».
Ce que ne manquera pas de faire Samuel.
Dieu annonce alors à Samuel qu’il entend punir la famille d’Héli pour sa conduite et notamment celle de ses fils. Très vite tout Israël sait que Dieu parle directement à Samuel et qu’il a rejeté Héli et ses fils. Samuel apparaît alors comme le prophète dont le peuple a besoin.
Israël est à cette époque constamment en guerre contre les philistins qui lui infligent une défaite retentissante à l’occasion de laquelle il s’empare même de l’Arche d’Alliance alors que les Hébreux pensaient que sa présence ne pouvait que leur donner la victoire. Lors de cette bataille les deux fils Héli sont tués ainsi que près de 30 000 guerriers. Quand Héli apprend la nouvelle tant de la mort de ses fils que de la perte de l’Arche d’alliance il s’écroule raide mort. Cependant les philistins ne se réjouiront pas très longtemps de leur victoire et de la possession de l’Arche d’Alliance car Dieu les frappent de diverses maladies qui amènent les philistins à se débarrasser de l’Arche en la rendant à Israël. Mais la perte de l’Arche d’Alliance a été pour les Hébreux une perte terrible, le peuple considérant avoir été abandonné par Dieu. La menace permanente des philistins amène progressivement les Hébreux à réclamer un roi pour être comme tous les autres peuples et constituer une nouvelle armée contre leurs ennemis.
Samuel est pour sa part hostile à cette idée considérant qu’une théocratie -à savoir le pouvoir aux prêtres- constitue le meilleur des gouvernements et qu’en sa qualité de juge et prophète il incarne cette théocratie. Mais le peuple réclame un vrai roi d’autant que Samuel commence à vieillir et que ses fils sont tout aussi indignes de lui succéder que l’étaient les fils du grand prêtre Héli. Mais Dieu va intervenir et demander à Samuel d’introniser comme roi celui qu’il lui désignera.
C’est ainsi alors que Samuel rencontre Saül au sein de la tribu de Benjamin, Dieu lui indique que c’est lui qui sera le premier roi d’Israël. A son grand étonnement Saül est donc oint roi d’Israël et sa première action sera d’écraser les philistins ce qui assoit immédiatement son autorité de nouveau roi. Malheureusement ses victoires gonflent son orgueil et Saül commence à délaisser Dieu et les conseils de Samuel. Devant une telle attitude Dieu recommande alors à Samuel de rechercher un nouveau roi en vue de remplacer celui qui s’est manifestement détourné des lois divines.
(Philistins a donné le mot Palestine, les deux mots étant composés des quatre mêmes consonnes hébraïques puisque l’hébreu ne comporte en principe pas de voyelles).
C’est donc ainsi que Samuel à nouveau conduit par Dieu se rendra dans un petit village nommé Bethléem (le hasard n’existe pas) pour y consacrer, clandestinement, le futur roi.
C’est ce passage qui constitue la première lecture de ce quatrième dimanche de Carême. David est encore presque un enfant, à tel point que lorsque Samuel rencontre son père Jessé, celui-ci lui présente ses 7 premiers fils et ne pense pas à David. Qu’on laisse garder les troupeaux. Mais Dieu fait comprendre à Samuel qu’aucun des 7 fils qui lui sont présentés n’est le bon. On va alors chercher David qui est cette fois désigné par Dieu car Dieu ne regarde pas l’apparence mais regarde le cœur. Bien que désigné par Dieu, le destin de David n’est pas encore sur le point de s’accomplir.
C’est d’abord comme musicien joueur de harpe ou de lyre qu’il intégrera la cour de Saül et c’est à l’occasion d’une nouvelle bataille contre les philistins que David se distinguera à l’occasion du fameux épisode du combat contre Goliath, ce géant philistin que personne ne voulait affronter et que David terrassera au moyen de sa seule fronde.
Après de multiples péripéties il succédera à Saül dont il avait épousé la fille, échappera à des tentatives d’assassinat de la part du roi qui développe une obsession meurtrière à l’encontre de David.
Samuel étant décédé dans l’intervalle, Saül ira voir une nécromancienne pour consulter l’esprit de Samuel bien que cela soit rigoureusement interdit par les lois d’Israël. Samuel va néanmoins apparaître à Saül, lui annonçant que dès le lendemain toute l’armée d’Israël sera mise en déroute et que lui-même mourra ainsi que toute sa lignée. En effet, apprenant cette terrible défaite et la mort de son fils il se suicidera.
David va dès lors régner sur le peuple hébreu, reconquérir les territoires perdus, protéger les frontières, se donner une nouvelle capitale Jérusalem où il fait venir l’Arche d’Alliance.
Le pays connaîtra alors une période de prospérité mais c’est son fils le grand roi Salomon qui lui succédera et procédera à la construction du premier temple de Jérusalem mais cela est une autre histoire.
Revenons-en aux lectures de ce quatrième dimanche de Carême.
Après la symbolique de l’Eau abordée dimanche dernier avec les épisodes de Moïse dans le désert à Mériba et de la Samaritaine c’est la symbolique de la Lumière qui est abordée en ce quatrième dimanche de Carême.
Samuel désignant comme roi David lui apporte la Lumière de Dieu mais David retombera dans les ténèbres du péché avec notamment l’adultère qu’il commettra avec Bethsabée femme d’Urie, un de ses officiers qu’il n’hésitera pas à envoyer délibérément à la mort à l’occasion d’une bataille dont il sait qu’il ne reviendra pas.
En effet, à la symbolique de la Lumière s’oppose bien évidemment celle des ténèbres évoquée dans la deuxième lecture extraite de la lettre de Saint-Paul apôtre aux Ephésiens rappelant que la conversion fait passer des ténèbres à la Lumière dont les fruits sont la bonté, la justice et la vérité : « Dans le seigneur, nous sommes devenus lumière ; vivons comme des fils de la lumière. »
De même l’Evangile de Jean en son chapitre 9 nous rapporte le miracle de la guérison de l’aveugle-né symbole de l’humanité égarée dans les ténèbres, humanité qui sera guérie par Jésus la Lumière du monde.
Samuel oint David ce qui le consacre à Dieu par la présence de l’Esprit Saint.
De même, Jésus en faisant une onction sur les yeux de l’aveugle-né avec de la boue va faire de lui d’une certaine manière comme l’indiquait Saint-Augustin un catéchumène qui va recevoir la Lumière. Geste qui n’est pas sans rappeler l’acte créateur de Dieu qui tire l’homme de l’argile du sol.
N’oublions pas que le Carême est une montée vers Pâques où les catéchumènes recevront le baptême.
Pour ceux-ci les troisième, quatrième et cinquième dimanches de Carême sont les étapes qui les emmèneront à la Vigile Pascale, trois dimanches où se succèderont donc les symboliques de l’Eau, de la Lumière et de la Vie.
Plus précisément, ce quatrième dimanche aborde donc le thème de la Lumière et souvenons-nous que lors de la Veillée Pascale, dans l’obscurité, les cierges que nous tenons à la main rappellent la traversée de Jésus des ténèbres de la mort à sa Résurrection.
Ces différentes étapes vont permettre l’éveil progressif des catéchumènes à la Lumière de la Foi.
Même pour nous déjà baptisés, profitons du Carême pour purifier notre regard comme l’a été celui de l’aveugle-né car la Foi reste un cheminement dans l’obscurité, alors ne nous ne laissons pas aveugler par les ténèbres.
Comme le rappelait le Pape François dans son Homélie pour la Messe de Noël en 2013 :
« Si nous aimons Dieu et nos frères, nous marchons dans la Lumière mais si notre cœur se ferme, si l’orgueil, le mensonge, la recherche de notre intérêt propre dominent alors les ténèbres descendent en nous et autour de nous.
TERMINONS SUR CETTE PRIÈRE
Dieu de tendresse et de pitié, pour qui la nuit comme le jour est Lumière, fais-moi passer de la pénombre de mes doutes à la splendeur de ta vérité ».
Enregistré par Pierre KUTI le 20/03/2020