Le temps du deuil est un temps de douleur, il vient du latin dolor : la douleur. Au cours du temps, lorsque la séparation intervient, plusieurs expressions ont été couramment utilisées : porter le deuil, être en deuil, faire son deuil. L’expression « travail de deuil » évoque la souffrance (en argot latin : instrument de torture). Il s’agit d’un bouleversement dans la vie de celui qui perd un être cher.
Il s’accomplit sur une durée plus ou moins longue selon les personnes. L’être humain est constamment confronté à la perte : passage de l’enfance à l’adolescence, puis à l’âge adulte, perte de rêves, perte de facultés et de capacités due au vieillissement. C’est comme un processus de cicatrisation et de guérison psychologique et spirituelle. Si on réussit à soigner cette blessure, en acceptant de vivre le processus de deuil, le souvenir du défunt cessera de provoquer une douleur intérieure. Le rappel de l’être perdu demeurera toujours précieux mais sans se trouver dans un état de souffrance. Faire son deuil, c’est lâcher prise, vivre avec la personne disparue une relation transformée.
Le deuil va s’établir par plusieurs phases, par plusieurs étapes qui se caractérise par certaines de ces émotions : tristesse, manque, pleurs, souffrance permanente, douleur, incompréhension, culpabilité, culpabilité d’avancer alors qu’il est parti, colère, déni, dépression, désarroi, solitude, nostalgie, manque de réponses, vide, peur, incompréhension des autres, n’avoir envie de rien, ne plus vouloir voir personne ni sortir…
La première est celle du CHOC, du déni : l’annonce du décès reçue violemment, c’est la paralysie, on entre dans une bulle. Le coup reçu plonge dans un état qui coupe du réel : « Ce n’est pas possible ». Selon les personnes et les circonstances de la mort, les réactions sont très différentes. Cette étape ne dure pas très longtemps, elle laisse vite la place à la seconde étape…
La deuxième étape est celle de la DÉSTABILISATION : Elle survient rapidement quand la prise de conscience met face à la dure réalité de la mort ; refus de la mort, fuir la réalité ou au contraire rechercher par tous les moyens la présence de la personne disparue.
Durant cette étape la colère, la révolte va faire son apparition, la personne face au deuil peut y voit une injustice, des sentiments de culpabilité, colère vis-à-vis du service médical, du défunt, de l’Eglise ou de Dieu ; on cherche des responsables potentiels.
Cette phase peut se traduire aussi par une fuite…ou au contraire s’approprier tout ce qui appartient au défunt
Troisième étape le MARCHANDAGE : Cette étape du deuil se caractérise par des regrets et de la culpabilité. C’est une série de questionnements qui remettent en cause l’implication du proche dans la vie du défunt, et ce qu’elle aurait pu faire pour éviter cette fin douloureuse. Sans cesse, elle projette mentalement les différents scénarios qui auraient pu empêcher l’issue fatale. Elle est à la recherche d’un responsable…. La personne endeuillée peut être amenée à solliciter une « force supérieure » à laquelle elle croit, pour l’exhorter de faire revivre les jours heureux où le défunt était encore à ses côtés.
Quatrième étape : DÉSTRUCTURATION, DÉPRESSION, DÉSÉQUILIBRE, PEUR, TRISTESSE, ISOLEMENT. C’est une période difficile où tous les repères familiaux, sociaux, organisationnels sont perdus. C’est durant cette phase que se fait la prise de conscience aiguë que l’absence est définitive, réelle et qu’aucun retour en arrière n’est possible. Cette phase s’accompagne d’un épuisement physique, psychologique, moral, émotionnel. Avoir le sentiment de ne jamais pouvoir se relever, à retrouver le goût pour la vie, à récupérer son énergie d’avant. Plus envie de rien, plus de force.
Cinquième étape : RESTRUCTURATION et ACCEPTATION : Cette dernière phase est la sortie du tunnel. La personne reprend petit à petit goût à la vie. Elle construit de nouveaux projets. C’est un temps d’acceptation de l’absence, de la mort, et un temps où les personnes peuvent évoquer sereinement l’héritage spirituel et affectif que le défunt a laissé. Les personnes endeuillées se laissent re-susciter, réintégrer dans leurs différentes communautés, dans la vie sociale.
La durée de chaque étape peut être différente et plus ou moins longue pour chaque individu, les étapes peuvent aussi survenir dans un ordre différent. Il faut prendre en compte, le degré de familiarité, la perte d’un enfant ne sera pas la même que pour une personne qui a déjà bien vécu, la perte brutale n’est pas la même que lorsque la mort survient après une longue maladie, l’âge de la personne….
Bienheureux ceux qui ont la foi car ils obtiennent une force qui peux les aider à surmonter les épreuves.
Pour aider à cheminer, à avancer, plusieurs étapes liturgiques sont offertes aux familles dans l’année (peut-être suivant les secteurs) :
Le 1er novembre, fête de tous les Saints
Bénédiction des tombes
Le 2 novembre fête des morts
Le chemin de Pâques
(Mais peu de familles et de paroissiens participent aux célébrations du 2 novembre et du chemin de pâques)
Il en est de même de faire donner des messes pour les défunts (inutile, oublié pour beaucoup)
Quelques questions à envisager personnellement et en équipe :
Comment la connaissance de ce qu’on repère comme étapes du deuil facilite-t-il l’accompagnement des familles ?
Quelles pourraient être les attitudes à observer pour chacune de ces étapes ?
Comment notre espérance chrétienne éclaire-t-elle le processus de déconstruction-reconstruction opéré lors du travail de deuil ?
Qu’est-ce que le deuil pour nous ?
Le deuil et nous ?
Dans les petites communes, où tout le monde se connait, il est certainement plus facile d’accompagner les personnes en deuil après les obsèques.
Dans les grandes villes, c’est un peu plus complexe, plus difficile, les défunts, les familles nous sont inconnus ; entrés dans leur vie n’est pas toujours chose évidente, même si l’équipe propose de continuer une relation avec eux.
Exposé donné par Martine Caillaux le 27 février à l’abbaye de Jouarre
pour la récollection des équipes funérailles du Pôle Missionnaire de Meaux