Une vision de la paroisse P. Thierry LEROY

En septembre 2014, je suis arrivé à Meaux, avec la mission de faire en sorte que de Meaux Beauval-Dunant, Meaux-centre avec Villenoy et Varreddes, naisse une seule paroisse.
Si on envisage la paroisse comme un grand tout où tout le monde doit marcher au pas et chanter la même chanson, c’est raté !
Rassurez-vous ce n’est pas ainsi que j’envisage les choses.

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Paroisse Ste Céline et St Faron- Soirée des acteurs pastoraux -23 sept22- église St Jean Bosco

J’envisage plutôt la paroisse comme un réseau de chemins qui vont dans une même direction, un même horizon. Comme une « communauté de communautés » selon la parole du pape François :  « La paroisse est communauté de communautés, sanctuaire où les assoiffés viennent boire pour continuer à marcher, et centre d’un constant envoi missionnaire ».  (J de l’Evangile n°28)

  1. La paroisse, d’abord une organisation ? Non, c’est un dynamisme !

La paroisse, est-ce d’abord des lieux de culte et des salles de réunions ? On me dit parfois « Alors, vous êtes curé de la cathédrale ». Je réponds invariablement que je ne suis pas curé des pierres, aussi belles fussent-elles, mais de tout un peuple rassemblé et encore à rassembler, ce que saint Pierre appelle « les pierres vivantes » .

Evidemment, des églises, des salles paroissiales, des lieux d’accueil et de secrétariat, il en faut. De l’organisation il en faut aussi. Mais tout doit être au service d’une parole qui circule, la Parole de Dieu, le Seigneur lui-même.

Pape François : Joie de l’Evangile, n° 22. « La parole a en soi un potentiel que nous ne pouvons pas prévoir. L’Évangile parle d’une semence qui, une fois semée, croît d’elle-même, y compris quand l’agriculteur dort (cf. Mc 4, 26-29). L’Église doit accepter cette liberté insaisissable de la Parole, qui est efficace à sa manière, et sous des formes très diverses, telles qu’en nous échappant elle dépasse souvent nos prévisions et bouleverse nos schémas. »

Paroisse Ste Céline et St Faron- Soirée des acteurs pastoraux -23sept22- église St Jean Bosco

La paroisse, est-ce seulement un « territoire » ? Quand nous parlons territoire, nous ne devons pas nous laisser fasciner par les limites, les frontières. Dans ce « territoire », nous pourrions tout ranger dans des petites cases, y compris les gens. Or, un territoire est tissé de mouvements, de réseaux, de déplacements, d’évolutions… (nous pouvons penser par exemple aux quartiers de « La Pierre-Collinet » devenu « Quartier Dunant », au quartier du Marché et à Beauval avec leurs impressionnantes restructurations.)

Sur le plan paroissial je constate en permanence un dynamisme, dans les initiatives et les services depuis les moins visibles jusqu’aux très visibles (fleurissement, ménage des église, le service des frères et sœurs de la rue, la naissance de groupes de prière et d’intercession, la mobilisation au service de la construction d’un centre paroissial….) et les adaptations nécessaires en période de pandémie, les adaptations nécessaires dans un lieu comme l’Ehpad d’Orgemont… Vous savez vous donner pleinement !

2.Articuler nos dynamismes
comme un corps pourvu d’articulations.

  • Se reconnaitre avant tout et au-dessus de tout comme frères et sœurs. Nous avons reçu cette condition du baptême. C’est la miséricorde de la Sante Trinité qui l’a voulu et qui le veut. Nous ne nous sommes pas choisis, mais Lui, le Seigneur Jésus nous a choisi ! L’amour du Seigneur c’est celui qu’il nous donne et celui que nous lui donnons, et que nous donnons aux frères par amour pour lui. Une paroisse et ses pasteurs doivent cultiver cet esprit fraternel, un trésor qui n’a pas de prix.
  • À partir de cette réalité les différentes responsabilités s’articulent : c’est ainsi depuis le début des communautés d’Eglise. Et depuis Jésus dans l’Evangile : Jésus envoie ses disciples 2 par 2. Il les envoie pour détacher l’âne dont il a besoin à Bethphagé (Mt 21, 1-2), il choisit les Douze, il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean (Transfiguration, résurrection fille de Jaïre, et Gethsémani…). Il y a le rôle de Pierre, le premier des apôtres (et pas le plus parfait !…)
  • Un corps fraternel (cf. 1 Co 12 entendue en début de rencontre). Tous nous avons notre responsabilité, notre rôle et notre chemin, mais pas en dehors des autres. Cela s’appelle la « synodalité ». Ce qui signifie : « faire route ensemble ». La paroisse n’est pas un ensemble de petites cases à remplir où l’on serait bien au chaud. C’est un chemin de grand air, où nous marchons, les plus forts soutenant les plus faibles.
  • Un corps quelquefois douloureux en lui-même. Lorsque nous oublions de nous concerter, de nous consulter, quand nous oublions l’humilité et l’esprit de service, quand nous oublions de rendre grâce pour les autres, lorsque nous nous trouvons en compétition les uns contre les autres plutôt que de se soutenir et s’encourager… Lorsque nous oublions tout simplement qu’il y en a « d’autres »… Cela produit de l’arthrose, des luxations, ou des membres brisés.
  • Des frères et des sœurs capables de surmonter les conflits, les incompréhensions, les malentendus et les jalousies.

Si nous ne le faisons pas, qui le fera ? Je vous renvoie à Philippiens 2, 1… « S’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres. Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect… »

Comme homme, comme prêtre et comme curé, je vous demande pardon si j’ai pu par mes impatiences, les manques de bienveillance ou les manques d’humilité vous blesser, vous choquer. Pardon.

Paroisse Ste Céline et St Faron- Soirée des acteurs pastoraux -23 sept22- église St Jean Bosco

Un corps, une route avec des prêtres, qui sont ministres (c’est-à-dire serviteurs) de la communion ecclésiale. Au service de la Parole et des sacrements, qui unifient le Peuple de Dieu sous la conduite du seul pasteur qui est le Christ. Et bientôt des diacres qui sont les signes sacramental d’une Eglise, et donc de paroisse servante.

3. Cinq verbes pour caractériser la paroisse

Cf Joie de l’Evangile (n. 24) les verbes sont des actions…

Prendre l’initiative, s’impliquer, accompagner, porter du fruit et fêter. L’Église “en sortie” est la communauté des disciples missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui accompagnent, qui fructifient et qui fêtent.  (Joie de l’E. n°24.)

Prendre l’initiative : nous chrétiens, membres de l’Eglise catholique, nous expérimentons que le Seigneur a pris l’initiative, il nous a précédés dans l’amour (cf. 1 Jn 4, 10)…

Ne sommes-nous pas à son image ? Ne sommes-nous pas remplis de son Esprit ? Une communauté paroissiale doit pouvoir prendre des initiatives sans chercher systématiquement à faire « comme on a toujours fait » ! Une communauté paroissiale où les fidèles du Christ en se concertant entre eux et avec leurs responsables, avec l’équipes d’animation pastorale et les prêtres de la façon la plus adaptée. Charges à ceux-ci de ne pas « éteindre l’Esprit », mais de soutenir, et quelquefois d’orienter. Mais aussi de proposer de sortir de ce « qu’on a toujours fait ».

S’impliquer : Jésus s’est abaissé, impliqué jusqu’à laver les pieds de ses disciples. Il s’est mis à genoux devant eux ! « Heureux êtes-vous, si vous le faites » dit-il juste après (Jn 13, 17).

Notre paroisse sert en s’impliquant, et du coup nous aussi. La paroisse n’est pas au service d’une catégorie sociale à l’exclusion de toutes les autres, pas d’un âge de la vie à l’exclusion des autres, pas à partir d’un seuil minimum de revenus ou pour une nationalité au détriment d’autres. Notre vocation est d’âtre service de tous, frères et sœurs de tous. Jusqu’à « toucher la chair souffrante du Christ dans le peuple », écrit le pape. Cela peut nous fatiguer quelquefois, nous faire perdre patience, nous tarauder. Nous sommes appelés à sortir de nos zones de confort et nous y perdons des plumes. Vous le savez bien, ce que je vous dis là n’est pas théorique.

Accompagner. L’accueil, le soutien dans les périodes difficile et la longue maladie, le deuil accompagnement de la croissance de la foi. Une paroisse accompagne l’humanité en tous ses processus. Nous y laissons parfois notre tranquillité et nos idées toutes faites. Accompagner ça nous change, cela nous rend frères plus en vérité.

Fructifier. « La communauté évangélisatrice est toujours attentive aux fruits, parce que le Seigneur la veut féconde. Il prend soin du grain et ne perd pas la paix à cause de l’ivraie. » (Joie de l’Ev 24). Quels beaux fruits pouvons-nous voir depuis ces dernières années ? Chez les autres, dans la vie paroissiale ? En nous-mêmes, personnellement.

Fêter. Dans l’eucharistie dominicale, dans les moments de convivialité, une messe et une journée de rentrée par exemple…  En décembre par la saint Nicolas…

Fêter ensemble nous dispose à mieux nous donner, en vérité.

Paroisse Ste Céline et St Faron- Soirée des acteurs pastoraux -23 sept22- église St Jean Bosco
  • Merci

Dans quelques instants, vous allez vous dire les uns aux autres quelle est votre part et votre bout de chemin au sein de la Mission paroissiale. Et à la fin de cette soirée vous allez être bénis et encouragés.

Merci à toutes et tous pour ce que vous apportez !

Vous n’êtes pas là pour aider Monsieur le Curé mais pour participer à une mission qui nous dépasse tous, pour servir le Seigneur. Les hommes passent, le Seigneur reste et la paroisse demeure et évolue.

Vous êtes précieux ! Vous êtes comme le dit saint Paul, la lettre que Dieu écrit dans nos cœurs de prêtres et de pasteurs. Nous ne sommes pas toujours des cadeaux les uns pour les autres, mais nous sommes des dons que dieu nous fait les uns aux autres. Et vivre la vie pastorale avec d’autres prêtres, et pour moi de vivre aussi en communauté de prêtres, ça me forge aussi une âme d’apôtres, plein de gratitude à l’égard du Seigneur.

Père Thierry Leroy,

le 23 septembre 2022

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